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Des ateliers sur l’égalité femmes/hommes

lundi 3 juin 2013 / libellé : Engagements

Depuis trois ans et sur toute l’Alsace, les Petits Débrouillards animent des formations sur l’égalité femme/hommes à destination des jeunes en collèges et lycées. Ils font pour cela appel à Céline Petrovic*, docteure en sciences de l’éducation et attachée temporaire d’enseignement et de recherche en psychologie à l’IUFM de Lorraine.

Depuis toujours, les Petits Déb aiment bousculer les idées reçues. Faire en sorte que les plus jeunes aiguisent au mieux leur esprit critique pour être capables d’émettre des opinions réfléchies sur les enjeux actuels de notre société constitue notre cheval de bataille. Pas étonnant alors, qu’il y a de ça trois ans, les débrouillards d’Alsace décrochent un appel d’offre lancé par le Rectorat pour développer des activités encourageant l’égalité des sexes auprès des plus jeunes.

Derrière cette finalité, les objectifs sont variés : former les jeunes à la parité, leur faire prendre conscience de leurs représentations, leur apporter des connaissances sur la réalité des inégalités, mais aussi diversifier l’orientation, c’est à dire, faire en sorte que le choix des filières se diversifie et aille au-delà des métiers traditionnellement féminins ou masculins. Ces formations sont prises en charge par le Rectorat et l’Europe.

« La répartition traditionnelle des rôles est toujours présente ».

« Toutes les recherches depuis plus de trente ans montrent que les inégalités sociales entre les sexes s’acquièrent par l’éducation (les parents, l’école, les livres, les jouets,…). Depuis les années 90, l’IRM (Imagerie par résonance magnétique qui permet d’examiner les cerveaux en activité) montre que les cerveaux des femmes et des hommes ne sont pas différents.

Malgré cela, il y a aujourd’hui encore beaucoup d’idéologie dans les recherches qui tentent d’attribuer l’origine des inégalités sociales entre les sexes aux différences biologiques des femmes et des hommes. Et cela contribue à maintenir la croyance selon laquelle les rôles sociaux seraient la conséquence de la nature, argument qui était déjà utilisé pour justifier les inégalités entre les blancs et les noirs, les riches et les pauvres dans des temps pas si lointain. Donc encore aujourd’hui, la traditionnelle répartition inégale des rôles est toujours présente » explique Céline Petrovic.

Un petit garçon qui joue à la Barbie, une petite fille qui rêve de devenir camionneuse, ça ne courre pas encore les rues.

Pour Céline Petrovic, cette tendance à considérer que les caractéristiques du masculin et du féminin sont innées et non acquises est la source de toutes les inégalités entre les deux sexes : de salaires, de retraites, de répartition des tâches dans la vie privée... Comme ce système de croyances se pérennise, rien ne change : pour faire simple, les femmes gardent cette image de gentillesse et de douceur, bonnes à s’occuper du foyer et des enfants, et les hommes celle de pourvoyeurs de ressources, qui est plus légitime dans notre société. « Pour que ça bouge, il faut modifier ce socle ! Mon objectif, c’est de trouver la meilleure manière pour y arriver », affirme la docteure en sciences de l’éducation. Des formations à destination des plus jeunes sont déjà un premier pas dans ce sens.

Prendre conscience de sa propre résistance au changement Menée par Céline Petrovic et Vincent Boyé des Petits Débrouillards, la formation à l’égalité dure en général deux jours où s’entremêlent théorie et pratique. Le premier jour, les jeunes expriment leurs représentations, s’approprient le système de genre et prennent connaissance, avec des méthodes actives, des inégalités en chiffres (politique, travail, vie privée, orientation scolaire). Ils abordent par exemple la question du lien entre sexe et métiers, analysent des catalogues de jouets, des journaux pour observer où et dans quels rôles les femmes et les hommes apparaissent...

Puis ils entament un travail de réflexion en proposant des scénarios de système inversé (et si les femmes étaient présidentes ? Et si les hommes s’occupaient des tâches ménagères et s’occupaient des enfants ?), ce qui provoque le rire et la moquerie chez les jeunes. Ils prennent alors conscience de leurs propres résistances au changement. Le deuxième jour, les élèves viennent avec une image, un graphique ou autre support illustrant la thématique, et doivent leur trouver un slogan.

Ils visionnent également des extraits de films « Billy Elliot » ou « Joue la comme Beckham », qui sont des exemples de conflits avec l’entourage que peut créer le choix d’une voie dite féminine pour les garçons (la danse) et dite masculine pour les filles (le football), et des solutions pour dépasser ces conflits et réaliser ses rêves. Le troisième jour est dédié à une restitution des élèves sur le travail réalisé, pouvant prendre des formes variées selon les établissements. Elle peut s’adresser aux autres élèves de l’établissement (expositions, mini-conférences), aux parents d’élèves... Dans un lycée d’un quartier populaire, cela a pris la forme d’une émission de radio.

« Mes cours à la fac n’ont plus du tout le même aspect ! »

Céline Petrovic et Vincent Boyé des Petits Débrouillards d’Alsace prennent en charge une bonne vingtaine de jeunes délégués, du collège au lycée. A cet âge, les habitudes des jeunes ne sont pas encore autant ancrées que celles de leurs parents. Mais elles sont quand même là, et il faut trouver la bonne manière pour capter leur attention. La collaboration d’une chercheuse et d’un animateur petit débrouillard porte ses fruits auprès des jeunes. Mais elle est tout aussi enrichissante pour Céline que pour Vincent. « Je suis universitaire, et donc habituée à enseigner la théorie dans des cours magistraux. Avant, je ne connaissais pas le public ado. Comme Vincent possédait les techniques d’animation, on a pu mettre nos compétences en commun et être complémentaires. Et surtout, on a appris l’un de l’autre. Maintenant que je me suis appropriée les techniques d’animation, mes cours à la fac n’ont plus du tout le même aspect ! », se réjouit Céline Petrovic.

Photos  : Claude Braunschweig, journaliste pour le quotidien L’Alsace.

* Céline Petrovic, docteure en Sciences de l’Éducation, actuellement Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche en psychologie à l’IUFM de Lorraine, à Sarreguemines.

Elle enseigne l’égalité en formation initiale et continue, et dispense des formations auprès de publics divers. Ses recherches portent sur les représentations sociales des rôles des hommes et des femmes.

Elle a notamment écrit et a participé à des publications à destination des enseignants∙es et futurs∙es ensei-gnants∙es :

• « Quand ça ne va pas de soi pour les enseignants » » article sur la formation des enseignants∙es, les principales objections à l’enseignement à l’égalité et les réponses proposées, paru dans la revue Cahiers pédago-giques n°487, février 2011

• « Filles et garçons en éducation : les recherches récentes » ; note de synthèse sur les recherches relatives au genre et à l’éducation en deux parties, parue dans la revue « Carrefours de l’éducation » n° 17 et 18, 2004.http://www.cairn.info/revue-carrefo...

• « L’égalité des sexes : où en sommes-nous ? », article paru dans le fascicule d’information « Filles et garçons : cassons les clichés » destiné aux enseignants∙es, aux élèves et aux parents, publié par la Ligue de l’Enseignement en 2011 et diffusé dans toutes les écoles primaires d’Ile de France.http://www.ligueparis.org/index.php...

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